Accorder ses violons

Il y a un an débutait à Wuhan en Chine la pandémie de la Covid-19, frappant tour à tour l’Europe et le reste du Monde. Un an déjà depuis le 17 mars 2020 que nous sommes contraints d’observer des confinements et des couvre-feux répétitifs, dévastateurs sur le plan économique et social. Le monde du spectacle, comme beaucoup d’autres secteurs, est touché de plein fouet et les acteurs de la filière musique, du théâtre et de la danse souffrent particulièrement. Ajoutons que les nombreuses hésitations du gouvernement sur un nouveau confinement ne sont pas de nature à rassurer les professionnels de la culture, ni à lever les interdictions d’ouvrir les salles de concerts, les festivals et autres lieux de diffusion. La grande majorité des musiciens, intermittents pour la plupart d’entre eux, sont au repos forcé depuis maintenant des mois, sans aucune perspective de reprise. Cette situation entraîne inévitablement des inégalités entre ceux qui peuvent travailler chez eux et ceux dont la pratique collective est suspendue à des mesures tardives, souvent contradictoires. L’organisation des répétitions d’orchestre est à ce titre révélateur et montre le véritable casse-tête que rencontrent au quotidien les directeurs de ces structures. Que dire également de la gestion des conservatoires et des écoles de musique, terreaux de nos futurs amateurs et professionnels qui souffrent eux aussi de directives aléatoires et floues ? Des instructions qui arrivent au compte-goutte, inégalitaires et discriminatoires entre d’un côté des élèves en cursus diplômant admis à suivre leurs cours en présentiel, et de l’autre des élèves se voyant refuser l’accès aux établissements au même titre que les élèves chanteurs, alors que ces derniers s’accommodent d’un enseignement, à distance. Des disparités se font jour sur le territoire, au bon vouloir des préfets et des élus locaux, interprétant les mesures de couvre-feu, de manière différente d’une ville à l’autre. Il n’est pas étonnant que les directeurs et les professeurs se sentent abandonnés et livrés à eux-mêmes. Il devient urgent pour le ministère de tutelle d’accorder ses violons…sous peine de désorganiser des structures déjà fragilisées par des réformes incessantes et par la crise actuelle, et finir par démotiver les acteurs de la vie musicale y compris un public déboussolé, mais toujours avide de spectacle, de culture, de musique, autant de valeurs « essentielles » à notre vie.

Un Directeur de Conservatoire face au désarroi de ses professeurs et leurs élèves